UNE HISTOIRE COLORÉE – Blanc : vie et mort liées à la mère de toutes les couleurs

6 octobre 2022 0 Par picassoadmin

 

Le blanc, couleur ou pas, couleur de la pureté, divinité et la vie elle-même. Mais dans certains pays aussi la couleur de la mort, des maladies et de la ruine. Depuis des millions d’années, les pigments blancs existent sous différentes formes dans la nature et depuis des siècles on développe plusieurs variantes synthétiques. Quelques-unes de ces variantes sont utilisées depuis des milliers d’années, d’autres ont été supprimées des peintures de beaux-arts pour différentes raisons. Voici un court voyage à travers l’histoire parfois noirâtre du blanc.

 

Blanc : vie et mort liées à la mère de toutes les couleurs

Du la période de – 145 à 66 millions d’années, période nommée la « Craie », d’importantes parties de notre monde actuel étaient couvertes par des océans. Quand les animaux mouraient, ils coulaient au fond de l’eau où rien n’était conservé à part les squelettes riches en calcaire et des coquilles. Ceux-ci s’empilaient et formaient de grosses couches de plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur, qui étaient pulvérisées par la pression du sable et de l’argile alluvionnés par les rivières. Plus tard, quand le niveau de la mer baissa et quand des parties de l’écorce terrestre furent poussées vers le haut, ces couches blanches remontèrent à la surface. Elles sont composées principalement de carbonate de calcium ou bien craie, le pigment le plus ancien sur terre. Le nom vient de l’île nommée la Crète, qui compte un grand nombre de roches crayeuses.  

En plus de la craie, il existe aussi d’autres pigments blancs minéraux dans la nature. Quelques exemples sont le kaolin, aussi nommé terre de Chine ou terre de pipe, et la pierre à plâtre. Les gens utilisent ces blancs depuis le premier usage de peintures. On retrouve la craie par exemple dans les peintures rupestres les plus anciennes. Et même maintenant les peuples primitifs peignent toujours leurs corps avec de la peinture blanche selon un usage séculaire.

 

Du blanc naturel au blanc synthétique

Les pigments minéraux naturels ont pour inconvénient de  devenir plus transparents lorsqu’on ajoute du liant, afin d’en faire une peinture bien maniable. Moins la couleur est opaque, moins la couleur sera blanche. Combinés avec de l’huile, les pigments perdent quasiment toute leur opacité et ils deviennent grisâtres. Depuis la découverte de nouveaux pigments blancs, les blancs minéraux sont de moins en moins utilisés pour colorer la peinture blanche. Cela ne signifie pas qu’ils ne sont plus du tout utilisés ; ils servent encore de charges pour différentes raisons.  

Le premier pigment synthétique était le blanc de plomb, qui fut découvert environ quatre siècles avant notre ‘ère. C’est donc le pigment le plus ancien fabriqué de façon artificielle. En exposant le métal à des vapeurs d’un liquide acide tel que le vinaigre, il se crée une réaction chimique et le plomb se transforme en un carbonate de plomb basique qui couvre le plomb d’une couche blanche. En grattant cette couche, on obtient une poudre blanche qui s’avère être opaque en huile. Ainsi on crée une magnifique peinture.

 

Merci à l’odeur

Le blanc de plomb hollandais fût renommé au 17e siècle pour sa qualité. On roulait très faiblement des plaques de plomb fines de dix à quinze centimètre de large. Les plaques ne devaient nulle part se toucher. On les plaçait en pots de faïence par-dessus du vinaigre de bière. Ensuite les pots étaient placés sur une couche de fumier de cheval avec de la paille dans une soi-disant remise d’échauffement. Cette remise était couverte de planches avec par-dessus de nouveau une couche de fumier de cheval et paille et par-dessus d’autres pots. Après huit couches de pots, on refermait la remise. L’effet ardent du fumier faisait monter la température, ce qui accélérait la transition de plomb vers le pigment. Après quatre à six semaines, on pouvait gratter la poudre blanche du plomb restant, puis on la mélangeait avec de l’eau pour former un apprêt et être broyée dans un moulin. Ensuite on en fabriquait des portions qui étaient bien vendues partout en Europe pour être appliquées dans les peintures de beaux-arts et maison, plâtre (de parement) et glacis pour poteries.

 

Jusqu’à la mort

Ce n’est pas depuis si longtemps que les peaux bronzées sont à la mode. Pendant des siècles justement, la peau blanche était symbole de beauté et richesse. Les personnes travaillants à l’extérieur bronzaient et les riches travaillaient à l’intérieur. Pour être aussi blanche que possible, les femmes se servaient de maquillage blanc fabriqué à partir de blanc de plomb. Le blanc de plomb étant extrêmement toxique, il entraînait souvent de fortes irritations comme les yeux douloureux, boutons, verrues et dents qui ne tiennent plus. Son usage entraînait souvent une mort précoce des femmes et des hommes qui avaient l’habitude de baiser cette « peau propre ». Aux Etats-Unis, cette coutume exista jusqu’à la fin du 19e siècle. On payait cher cette beauté !

 

Blanc innocent

Le blanc de plomb fut le pigment blanc le plus utilisé jusqu’à la découverte de blanc de zinc, au milieu du 19e siècle. Au début, le blanc de zinc, un oxyde de zinc, était trop couteux pour faire de la concurrence au blanc de plomb. Et même quand on réussit à baisser les prix de la production, le blanc de zinc n’a pas pu supplanter le blanc de plomb. Le blanc de zinc ne nuit pas à la santé humaine, mais les deux blancs se distinguent quant à leurs autres caractéristiques. Le blanc de zinc est transparent et froid en couleur, le blanc de plomb est opaque et chaud. Surtout en peintures pour maisons, on préférait le blanc de plomb pour son opacité. En peintures beaux-arts on utilisait les deux, justement parce qu’ils avaient des caractéristiques si différentes. Ce n’est que par la découverte du blanc de titane, très opaque, chaud et entièrement inoffensif, que le blanc de plomb fut supplanté au 20e siècle. En ce moment, le blanc de plomb est pratiquement interdit par la loi.  

 

Le saviez-vous…?

la lumière blanche comprend toutes les couleurs d’un arc en ciel ? quand nous voyons une couleur blanche, c’est que toutes les couleurs de la lumière sont perçues de façon uniforme par nos yeux. Le blanc est donc la mère de toutes les couleurs.  

Crédit : Royal Talens, https://www.royaltalens.com/fr/inspiration/conseils–techniques/histoires-de-couleurs/blanc-vie-et-mort-liees-a-la-mere-de-toutes-les-couleures/, 12 avril 2022